Géomètre-expert : une profession vitale dans la gestion des catastrophes

Le 9 novembre dernier, les géomètres européens étaient réunis pour échanger sur le rôle du géomètre dans la gestion des catastrophes. Nicolas Smith, géomètre-expert dans le Val-d’Oise et trésorier du Comité de Liaison des Géomètres Européens (CLGE) nous en dit plus. Bonjour Nicolas Smith, en quoi un géomètre-expert intervient-il dans la gestion des catastrophes ? N.S : […]

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Le 9 novembre dernier, les géomètres européens étaient réunis pour échanger sur le rôle du géomètre dans la gestion des catastrophes. Nicolas Smith, géomètre-expert dans le Val-d’Oise et trésorier du Comité de Liaison des Géomètres Européens (CLGE) nous en dit plus.

Bonjour Nicolas Smith, en quoi un géomètre-expert intervient-il dans la gestion des catastrophes ?

N.S : « Le dérèglement climatique et les tensions géopolitiques amènent à de plus en plus de catastrophes qu’elles soient naturelles ou humaines comme peuvent l’être la guerre en Ukraine ou les conséquences de la tempête Ciaran en France et dans les autres pays européens. Les géomètres-experts ont la capacité d’intervenir sur les trois composantes des catastrophes : la prévention, l’atténuation et la reconstruction.

Notre première mission est d’agir en amont pour que les projets développés n’accentuent pas les effets du dérèglement climatique. Grâce à l’aménagement foncier, nous travaillons sur la résilience des territoires. L’évaluation environnementale nous permet également de réduire l’impact des projets réalisés sur l’environnement.  Enfin, l’expertise de la profession en matière de trames verte et bleue, permettant aux collectivités, via leurs documents d’urbanisme, d’atteindre des objectifs de préservation et de remise en bon état des continuités écologiques.  contribue à l’atténuation des catastrophes. Par exemple, en matière d’incendie, cela permet de limiter leur propagation ou de garantir des voies d’accès pour les secours. La dimension atténuation est également fortement liée aux plans de prévention des risques puisque plus ils sont précis, plus ils permettront de diminuer l’impact des catastrophes. Dans le cadre des plans de prévention des risques, le géomètre-expert réalise à ce titre des études topographiques et fournit des données cartographiques, par drone notamment. Il peut également aider les décideurs publics à délimiter les zones inconstructibles en raison des risques ou être partie prenante dans le cadre de la mise en place d’exercices de sécurité (risques sismiques, inondations…). En influant sur l’aménagement et le développement urbain dans les zones soumises au risque d’inondation, au risque sismique ou d’incendie…, nous pouvons épargner de nombreuses vies ».


Intervenez-vous uniquement en prévention ?

N.S : « Non, le rôle du géomètre-expert ne se limite malheureusement pas qu’à la prévention. Lorsque des catastrophes adviennent, nous travaillons pour collecter un maximum de données qui permettront de travailler à la reconstruction. En matière de catastrophe humaine, par exemple, les géomètres ukrainiens ont stoppé leurs activités pour réaliser des cartes et collecter des données de géolocalisation bénévolement au service de la Nation. Le CLGE les a soutenus financièrement dans le cadre de cette démarche. A travers le projet #saveukrainianheritage, les géomètres ukrainiens trouvent des solutions pour collecter les données nécessaires à la préservation des monuments historiques pendant la guerre. Autres exemples, en Turquie ou en Croatie, les géomètres ont travaillé à la récupération des données pour préparer la reconstruction après les tremblements de terre qui se sont produits en mars et décembre 2020 en Croatie et le 6 février 2023 en Turquie ».

Quel rôle jouez-vous dans la reconstruction ?

N.S : « Une fois les catastrophes survenues, nous intervenons dans la reconstruction et la gestion post-crise. Le géomètre-expert intervient dans la prise de mesures du patrimoine historique pour faciliter sa reconstruction en cas de catastrophe. Citons l’exemple de la flèche de la cathédrale Notre-Dame à Paris. Lorsque cette dernière a brûlé, sa reconstruction s’est appuyée sur les données préalables des géomètres-experts.

Ensuite, le géomètre-expert participe également à l’évolution des plans de prévention des risques après les catastrophes. Il réalise des recherches pour en examiner les failles et adresser des propositions (exemple d’une digue qui cède). Son apport est particulièrement intéressant en ce qu’il permet d’appréhender les catastrophes de manière globale et non de se focaliser sur une partie de l’accident (exemple de la nécessité d’installer un bassin de rétention à proximité d’une digue pour éviter que les courants déviés n’inondent un autre village). Après une catastrophe, il faut savoir analyser et ne pas reproduire les mêmes aménagements comme l’analyse Fabien Palfroy, géomètre-expert dans les Pays de la Loire, sur les conséquences de la tempête Xynthia en Vendée. Nous nous appuyons sur des outils de plus en plus performants comme les applications développées spécifiquement par le programme spatial de l’Union Européenne dans la gestion des catastrophes ». Le géomètre-expert place son expertise au service de l’intérêt général. Sa capacité à intervenir en prévention des catastrophes, en collecte et en conservation des données et lors de la reconstruction le place comme un acteur majeur de la gestion des catastrophes. Sa fine connaissance des contraintes urbanistiques et environnementales lui confère un rôle clé, en amont comme en aval. S’il est essentiel pendant la gestion d’une catastrophe, sa vision et son retour d’expérience lui permettent d’anticiper et d’aider par exemple les collectivités à mettre en place des solutions pour se protéger des futurs dangers climatiques. C’est donc aussi à ce titre que la profession peut affirmer garantir un cadre de vie durable.

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