Les géomètres-experts à l’ascension du Mont-Blanc !
« Par cette aventure, nous donnons la preuve de nos engagements en réalisant des mesures dans des conditions difficiles et au service de la surveillance de notre environnement. La féminisation de la cordée prouve aussi que nous savons nous mobiliser auprès de nos confrères et que l’égalité femme-homme prend sens »
Tous les deux ans, les géomètres-experts organisent la mesure du toit de l’Europe. Du 12 au 17 septembre, la team 4 810 a réalisé l’ascension avec un invité de marque, Martin Fourcade, biathlète français, quintuple champion olympique. Claire Richard, élue du Conseil supérieur de l’Ordre des géomètres-experts faisait partie de cette cordée d’exception. Une aventure humaine au service de la mesure !
Bonjour Claire. Vous venez de participer à la mesure du Mont-Blanc. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
C.R : « Cela fait 22 ans que les géomètres-experts de Haute-Savoie organisent cette opération et je tiens à les remercier pour leur engagement. Ils invitent les géomètres-experts des autres régions à participer à l’aventure 4 810. Ensemble nous mettons notre expertise au service de la mesure et de l’intérêt général. La redondance des résultats permet de livrer des données que nous qualifions et qui sont comparables au fil des années ».
Comment avez-vous vécu cette aventure ?
C.R : « Comme une véritable aventure humaine. C’est d’abord une prouesse technique et un défi physique. Il faut non seulement réaliser l’ascension, mais également embarquer le matériel nécessaire à la mesure. En termes de logistique, c’est aussi une grosse organisation pour mobiliser la profession en renouvelant tous les deux ans les personnes qui font partie de la cordée ».
Comment en êtes-vous venue à participer à cette mesure ?
C.R : « Tout est parti d’une petite phrase. Il y a deux ans, dans mon rôle de déléguée nationale Géofoncier, j’étais en bas pour accueillir la descente des participants. J’ai lancé aux organisateurs : « où sont les géomètres-experts femmes ? ». Ils m’ont répondu que la profession n’était pas encore très féminisée, mais que cela serait un plaisir de les voir participer en nombre. Sous forme de défi, ils m’ont demandé si je voulais faire la prochaine ascension. J’ai répondu « chiche » ! C’est ainsi que nous avons été six femmes sélectionnées pour monter cette année.
Comment se prépare-t-on à une telle aventure ?
C.R : « Je me qualifie de sportive du dimanche : je pratique de nombreuses disciplines comme le VTT, la course à pied, l’aviron, la natation… Nageuse dans ma jeunesse, j’ai un esprit de compétition. Je suis une battante. Pour monter le Mont-Blanc, il faut savoir « taper dedans ». La pratique régulière du sport vous l’apprend. Je pense qu’il s’agit d’une qualité nécessaire pour participer à cette aventure. Les géomètres-experts de Haute-Savoie et les guides de Chamonix nous accompagnent lors de l’ascension et nous préparent en amont. Nous avons eu deux jours d‘acclimatation avec deux sommets à plus de 4 000 mètres d’altitude. Nous avons appris à travailler le rocher et à nous servir des crampons. Cela a été primordial pour se sentir à l’aise sur la neige ou sur la glace. Un incontournable qui a rendu l’aventure possible pour moi avec toujours l’inconnu de savoir si l’on va réussir à parvenir au sommet ».
Pouvez-vous nous raconter votre ascension ?
C.R : « C’était incroyable et difficile à raconter. Il faut le vivre pour comprendre ce que l’on ressent. Tout d’abord, nous avons eu un temps exceptionnellement beau et chaud, ce qui a été éprouvant. Martin Fourcade nous accompagnait. Il est très accessible et découvrait notre profession. L’ensemble des participants ont formé des petites cordées. J’étais accompagné par une guide de haute montagne, ce qui est extraordinaire lorsqu’on sait que dans leur profession, elles sont encore moins nombreuses que les géomètres-experts femmes (2 % chez les guides de haute montagne vs 14,59 % chez les géomètres-experts). C’est elle qui a temporisé notre progression, a donné le rythme et les arrêts. Quand on arrive en altitude, il faut savoir respecter son rythme et celui de la cordée. Nous ne formons plus qu’un. C’est ça l’esprit d’équipe !
Côté sensation, se retrouver au milieu de la montagne est magique. Elle est vivante, on entend qu’elle bouge. A proximité des crevasses, on se dit que la vie est précieuse. On se sent petit et cela conforte notre engagement de tous les jours au service d’un cadre de vie durable. Lorsque l’on passe à côté des glaciers, on voit clairement leurs reculs et on mesure réellement les effets du changement climatique. Bref, une expérience magnifique, dont je suis fière, et qui vous apprend à être humble. Puis le retour à la réalité s’impose ».
Quel parallèle faites-vous avec votre métier ?
C.R : « Comme mes consœurs et mes confrères, je réalise de nombreux projets en mettant mes compétences au service de mes clients. Je suis également engagée au Conseil supérieur et régional et déléguée nationale Géofoncier. Réaliser cette mesure était, pour moi, participer à un petit bout d’histoire. Je me rappelle encore mes cours de géographie lorsqu’on nous apprenait que le Mont-Blanc mesurait 4 807 mètres. Se prêter à l’expérience permet de livrer des données qualifiées que nous fournissons à d’autres professions. Nous faisons la même chose au quotidien par l’acquisition, le traitement et la qualification de données que nous portons à connaissance du public sur la plateforme Géofoncier. Côté engagement, nous œuvrons pour garantir un cadre de vie durable et luttons activement contre toutes les formes de discrimination. Par cette aventure, nous donnons la preuve de nos engagements en réalisant des mesures dans des conditions difficiles et au service de la surveillance de notre environnement. La féminisation de la cordée prouve aussi que nous savons nous mobiliser auprès de nos confrères et que l’égalité femme-homme prend sens».
Claire, une dernière confidence. Combien mesure le mont Blanc cette année ?
C.R : « Je suis tenue au secret pour le moment. Mais rendez-vous sur les réseaux sociaux le 5 octobre pour connaître les résultats ! »
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